Aller au contenu

Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lement : « Tandis qu’à elle, pauvre petite chose, il est l’unique espoir restant. » Et Bessie dit à voix haute :

— Moi, j’ai reçu des nouvelles de votre frère.

— Vous ?

— Et je suis venue pour vous les apprendre.

— Ah !

Laurence, angoissée, devinant une chose insolite, l’interrogeait ardemment du regard.

— Il a été blessé, continua Bessie. Laurence s’écria :

— Blessé !… mais comment l’avez-vous su avant moi ?

Miss Arnott expliqua très vite :

— Eh bien, figurez-vous, quelle coïncidence… On l’a justement évacué sur l’hôpital de Jack, avec des blessés américains… Il est à Neuilly ; et je suis venue vous prendre pour vous y conduire tout de suite…

Laurence questionna, affolée :

— Vous avez vu François ? Comment est-il ?

— Blessé… assez grièvement.

La jeune fille cria :

— Si vous me dites cela, c’est qu’il est perdu !

— Venez vite ! se contenta de répondre Bessie.

Tremblante, Laurence la suivait et montait en auto avec elle.

Pendant le trajet, elle interrogea vainement miss Arnott qui se montra réservée, évasive, afin de la préparer au choc inévitable. Dans son angoisse pour son frère, Laurence ne songeait même plus qu’elle allait revoir Warton.