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Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/46

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le visage de Mme d’Hersac qui murmura, en souriant à sa fille :

— Je me sens mieux.

Laurence, inondée de joie, serra la main de Warton qui prit congé de la malade :

— Allons, madame, au revoir… Je viendrai prendre de vos nouvelles, demain.

Dans l’antichambre, la jeune fille questionna anxieusement :

— Eh bien ?…

— Eh bien, mademoiselle, il m’est difficile de me prononcer dès à présent. Il faut que je revoie la malade. Continuez les piqûres de cacodylate… si, toutefois, c’est l’avis de votre médecin personnel. C’est tout ce que je puis dire… Néanmoins, je ne pense pas qu’elle soit condamnée… irrémédiablement.

— Ah ! docteur… Et vous reviendrez ?

— Aussi souvent que cela me sera possible, répondit Jack avec un élan involontaire.

À cet instant, Laurence subissait l’inévitable réaction. Elle voulut sourire et tendre la main au docteur. Son bras s’allongea… Dieu ! qu’il lui semblait lourd : il entraînait tout le corps ; elle perdait l’équilibre… Jack Warton n’eut que le temps de s’élancer pour soutenir la jeune fille, qui s’évanouit. Quand Laurence revint à elle, ses prunelles rencontrèrent le regard ardent de deux yeux clairs qui l’encourageaient avec bonté ; et, dans un soulagement indéfinissable, elle eut l’intuition qu’une influence occulte atténuait son malheur.

Dans la soirée, le docteur Martin se présenta à son tour chez la marquise d’Hersac.

Laurence le mit au courant de la visite du colonel Warton dont il approuva les prescriptions. Et comme il semblait parler des soins et de la maladie avec une sorte de détachement inhabituel de sa part, Laurence, agi-