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Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/50

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elle devait s’improviser économe et maîtresse de maison comme elle s’improvisait infirmière. Sur le même plan, s’imposait l’obligation de recevoir les fournisseurs, de manipuler les poisons des potions, de faire les comptes domestiques et de veiller la malade en guise de repos nocturne ; exténuée, inexpérimentée, traitée la veille en gamine, l’adolescente se roidissait pour faire face à ses nouveaux devoirs avec la terreur intime d’être inférieure à sa tâche.

C’était à elle qu’on demandait des ordres, à présent. À chaque entrée de la bonne, Laurence se mordait les lèvres pour se contraindre à faire bonne contenance.

Lorsqu’on lui eût annoncé le chauffeur, elle prit dans le secrétaire le porte-monnaie qui contenait toute leur fortune présente et elle régla l’homme qui attendait dans l’antichambre :

— Combien vous dois-je ? demanda Laurence.

— Soixante-huit francs soixante-quinze.

Laurence lui tendit un billet de cent francs en disant :