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Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/60

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frère de la situation, avant son arrivée… Pas de télégramme : c’est trop cruellement bref, une dépêche.

— Mais François écrit qu’il part dans trois jours… Sa lettre est datée du 4. Nous sommes le 6. C’est donc demain. Il est impossible de le prévenir avant son départ.

Teddy déclara nettement :

— J’irai, moi.

Il développa :

— J’ai précisément mon sauf-conduit pour T… où je dois rejoindre l’armée de mon oncle, je m’en vais ce soir ; je me présente à M. d’Hersac ; je lui apprends doucement les tristes choses, de votre part.

— Mais vous n’arriverez jamais à temps, même en auto…

— Je ne compte pas aller en auto.

— Les trains sont si lents, le trajet si long…

— Je ne compte pas aller par le train.

— Mais alors, comment ?

— En avion.

Laurence, bouche bée, le regardait sans comprendre. Elle balbutia :

— Vous perdez l’esprit… Vous iriez… en avion ?

Teddy découvrit ses trente-deux dents pour riposter gaiement, hardiment :

— Eh bien, oui : en avion… Chose très simple… J’ai un ami aviateur à B… aux environs de Paris. Il fait partie de l’escadrille du camp retranché. Les nuits de raids, ces messieurs partent en reconnaissance, à droite et à gauche, un peu à l’aventure… Ils en profitent quelquefois pour s’égarer volontairement, tantôt par goût du risque, par témérité, tantôt par intérêt amoureux pour se rapprocher d’un endroit où ils ont quelque amie… Ils sont