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Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/63

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la faible voix de Mme d’Hersac gémir doucement :

— Ma petite fille… ma petite fille : François ?

— Oui, maman chérie… C’est l’époque de sa permission de dix jours… Il m’a écrit : il arrive dans trois jours.

— Trois jours…

Et la faible voix imperceptible reprenait :

— C’est si long, trois jours… tu comprends, je suis heureuse de t’avoir là, ma bonne petite fille… mais je voudrais bien aussi ne pas mourir sans avoir revu mon petit François.

— Oh ! maman…

Laurence, la gorge étranglée de sanglots ; refoulés, enfouissait son visage dans les cheveux dénoués de la malade et baisait avec emportement cette masse de boucles grises.

Teddy se retira lentement ; et, en descendant l’escalier, il ricanait à demi-voix :

— Bessie, Bessie… extravagante Bessie, les voilà les françaises corrompues et coquettes qui ne songent qu’aux flirts guerriers sans souci du foyer en deuil !

IX

(L’auteur de ce livre — en parti vécu — s’excuse auprès de ses lecteurs d’être forcé d’introduire une parenthèse autobiographique au début de ce chapitre pour l’utilité des pages qu’on va lire. L’intervention de l’écrivain au milieu de son récit a quelque chose d’irritant et d’outrecuidant ; cette intrusion rompt le charme de la fable ; l’exemple d’illustres prédécesseurs peut seul atténuer nos scrupules ; ce procédé fut employé jusqu’à l’abus par Victor Hugo et Willy pour ne citer que ces deux noms célèbres.