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Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/64

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L’invraisemblable véracité de ce chapitre excitera l’incrédulité du lecteur. L’auteur tient donc à en certifier l’authenticité, ayant personnellement effectué, dans des circonstances analogues, la randonnée aérienne de Teddy Arnott.

Cela dit, fermons la parenthèse.)

Teddy se mit donc en quête de son ami l’aviateur. Il commença par diriger ses recherches vers les parages du café de la Paix : c’était le lieu de prédilection où son ami se fût sûrement trouvé, en cas de présence à Paris. Le jeune Américain éprouvait d’ailleurs un plaisir tout particulier — signe révélateur de sa race — à promener ses regards limpides sur le spectacle déshonnête que pouvait présenter l’intérieur d’un établissement des boulevards. Sa physionomie sereine reflétait une certaine satisfaction à la vue des uniformes bariolés dont les couleurs se mariaient aux teintes similaires des robes à la mode qu’arboraient les petites femmes aux rires aigus. Dans cette atmosphère surchauffée de parfums violents mêlés aux relents d’alcools, Teddy, amusé, promenait sa froide curiosité qu’aucun émoi n’excitait au contact de ces sensualités vulgaires. Il constatait avec impartialité que ce Paris-là répondait plus exactement aux imaginations de miss Bessie Arnott que l’intérieur de la famille d’Hersac. Et il souriait, enchanté de se sentir un peu choqué.

N’ayant point découvert ce qu’il cherchait, il sortit du café et prit, derrière la place de l’Opéra, le tramway de banlieue qui le conduirait directement à B…

Durant le trajet — une heure et demie pour traverser les faubourgs populeux, les for-