Aller au contenu

Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son compagnon, qui s’était rapproché de terre, lui désignait, très distinctement visibles, des toits, des clochers, toute une ville étendue à leurs pieds autour de laquelle se dressaient des fortifications, des tentes, un camp où s’élevaient des flocons de fumée : le camp de T… Ils étaient au-dessus de T…

Teddy poussa un soupir de joie et de soulagement. Combien de temps avait duré, à sa montre, le siècle de son voyage aérien ? Il n’aurait su dire. Mais la minute proche de la délivrance l’inondait de béatitude. Il prévoyait déjà la fierté rétrospective que lui inspirerait le souvenir de cette ascension.

L’aviateur descendait, planait choisissant son point d’atterrissage.

Tout à coup, un mouvement brusque : la bête ailée, échappant à la direction de son guide, eut un caprice de chose, une volonté imprévue de machine ; piquant soudainement vers le sol, l’avion fit une chute foudroyante et s’écrasa sur un bouquet d’arbres.

Teddy, étourdi par la surprise du dénouement, eut le temps de murmurer :

— An ! cette fois, c’est la « bûche »…

Et il s’évanouit, sous la violence du choc.


Une étrange chance avait protégé les deux voyageurs ; ils se tiraient indemnes de l’accident.

L’aviateur, qui avait conservé sa connaissance, examina Teddy avec inquiétude, mais le jeune Américain ne présentait aucune lésion apparente. Son compagnon commença de le dévêtir afin de s’assurer de son état.

Du camp, en avait aperçu l’accident : une trentaine de soldats accouraient dans leur direction, précédés d’un jeune officier. Ils rejoignirent bientôt le groupe formé par l’aviateur, son passager inanimé et l’appareil avarié dont l’hélice pendante était restée accrochée à une branche d’arbre.