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Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/74

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L’aviateur ne se lassait pas de narrer, de recommencer le récit de sa mésaventure :

— Qui est cette femme ? Tous nos camarades la prenaient pour un homme… Le fait est qu’elle porte le costume masculin avec une aisance inimaginable !

Soudain, illuminé d’une idée nouvelle, il s’exclama :

— Ah ! par exemple… Quelqu’un sait le mot de l’énigme et, comme il est ici, il pourra nous renseigner : c’est l’aspirant d’Hersac.

De saisissement, l’officier faillit lâcher le fardeau humain qu’il tenait dans ses bras solides. Puis, dominant son étonnement, il répondit avec un sourire ironique :

— Croyez-vous ?… C’est que c’est moi, l’aspirant d’Hersac : je viens d’être promu sous-lieutenant. Et, ma foi, je vous jure que je suis à cent lieues de deviner en quoi je puis être mêlé à ce mystère… qui m’intrigue de plus en plus.

— Vous ne connaissez pas « miss » Teddy Arnott ?

François d’Hersac étudia avec une curiosité extrême les traits de la jeune fille évanouie. Il dit :

— Je ne la connais pas… et ce nom de Teddy Arnott ne me rappelle rien.

— C’est fort bizarre, car elle vous cherchait avec impatience… Elle m’a conté je ne sais quelle histoire pour justifier sa demande. Mais son déguisement, sa témérité, son désir impétueux de vous rejoindre… Maintenant que je connais son sexe, j’aurais juré que c’était votre bonne amie.