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Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/120

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s’inquiéter outre mesure — si l’on peut dire — de la musique grattée par des mandolinistes italiens juchés sur une estrade et conduits par un chef si maigre qu’il semblait un lévrier nourri de dessins cubiques.

La baronne aperçut aussitôt Fanny qui tournoyait gracieusement aux bras du comte Kolding et, les lèvres pincées, elle la détailla avec une malveillance incisive. Puis, souhaitant se renseigner sur cette demoiselle bizarre et trop jolie qu’elle n’arrivait pas à identifier, elle avisa, tout près d’elle, un sexagénaire bien mis qui regardait l’originale valseuse avec complaisance ; certaine qu’il devait faire partie du flot d’inconnus qu’on venait de lui présenter, elle adressa la parole tout de go à ce vieillard en parfait état de conservation, riche sans doute car la domesticité lui témoignait des égards particuliers :

— C’est une bien séduisante personne, ne trouvez-vous pas, que cette Mademoiselle Thulette ?

— Charmante, madame, charmante.

Il n’ajouta rien.

Sa trop rapide approbation et aussi le mutisme dans lequel il semblait vouloir se ren-