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Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/139

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sans conséquence envers qui j’ai tous les torts et que je froisse un peu plus chaque jour… Je me comporte fort mal avec elle — cela, en votre honneur — et si j’ai hésité jusqu’à présent à rompre nos fiançailles, c’est par respect humain d’abord, et ensuite parce que je redoute infiniment les scènes où je dois jouer un rôle pénible. Mais je suis tout prêt à vous donner des preuves d’un attachement qui ne s’est jamais démenti… Pouvez-vous en faire autant ?

— Que voulez-vous dire ?

— Je dis… (il hésita un instant) je dis que vous possédez l’art subtil d’utiliser la promesse au détriment de la réalisation… Je dis que vous m’avez autorisé à tout espérer, dès le premier jour, pour vous montrer ensuite d’une réserve au moins singulière… Avec vous on ne voyage pas sur le fleuve du Tendre, mais sur des montagnes russes. Je m’inquiète ? Vous m’entourez d’une ensorcelante tendresse. Je m’enhardis ? Vous battez en retraite. Vous me sentez exaspéré ? Alors, vous me concédez une de ces faveurs irrésistibles qui affolent… pour mieux vous refuser, la minute d’après. Ah ! Fanny, faut-il que vous m’ayez torturé de doute pour qu’à cet instant où vos paroles devraient me