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Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/140

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bouleverser de joie, je songe, avec un scepticisme échaudé : « Quel revirement me prépare encore ma belle capricieuse ? »

Il aurait continué, en sa vanité d’improvisateur qui s’applaudit de ses trouvailles, mais un geste violent de Fanny l’interrompit, qui balaya ses pauvres arguties. Intensément, elle fixa sur lui ses prunelles profondes et répliqua d’une voix sourde :

— Si vous saviez… Si vous saviez ce que signifie mon attitude… Ah ! j’aurais un tel bonheur à me donner entièrement !

Cet aveu brutal fouetta le jeune homme, comme une caresse cynique. Il cria, presque :

— Alors, pourquoi…

Fanny désirait profondément lui apprendre l’ingénue vérité… Mais elle le considéra plus attentivement et son intuition d’amoureuse devina quels sentiments s’agitaient en lui. Elle eut cette prudence : « Prenons garde ! Je dois l’éblouir pour le subjuguer, non l’attendrir. Sa jeunesse, avide de sensations rares, ne saurait apprécier ma virginité dont la révélation lui causerait plus de surprise que de joie. Donc… »

Donc, réprimant ses dangereuses velléités de franchise, Fanny médita quelques minutes et