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Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/208

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tre tour à tour ses charmes en valeur. Tout d’abord, sous ses paumes caressantes, les seins pointèrent roses et menus, d’une pureté si délicieusement jeune qu’ils semblaient appeler des lèvres gourmandes ; ensuite, ses deux mains éprouvèrent aux hanches la souple fermeté de son buste ; enfin, d’un mouvement amusé et charmant, ses yeux suivirent par-dessus son épaule l’attirante cambrure de la cuisse et le renflement séduisant de la jambe. S’étant ainsi détaillée, elle sourit de voir, dans la glace complice, l’ombre du triangle corriger d’une estompe libertine sa beauté qui, sans lui, eût risqué de paraître trop froidement sculpturale.

Et, presque inconsciemment, elle murmura le madrigal adressé par miss Tary à une beauté, moins séduisante, sans nul doute, que celle dont la psyché lui renvoyait l’image gracieusement impudique.


   Sous ta robe qui glisse en un frôlement d’aile
   Je devine ton corps : les lys ardents des seins,
            L’or blême de l’aisselle,
   Les flancs doux et fleuris, les jambes d’immortelle,
   Le velouté du ventre et la rondeur des reins.

Le tintement d’une pendule arracha Fanny