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Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/259

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brasé, incendiaient ses veines d’un désir qui courait sous sa peau ainsi qu’un feu liquide.

Les yeux fixés sur ce décor de son amour, auquel il adressait en pensée le même adieu lugubre qu’à son bonheur, il considérait avec une détresse muette un chêne Kermès qui tordait ses branches désespérées…

Edvard touchait à cet instant de crise où la dualité cruelle de notre nature nous impose le combat anormal contre un adversaire tapi en nous, l’obligation de tuer un peu de soi-même. Cet être inconnu qui pousse violemment notre esprit, notre chair, vers la sensualité, tandis que notre conscience proteste, peut-on, doit-on le supprimer ? N’est-ce pas une mutilation physique ? Le mauvais instinct a son utilité, puisque c’est un instinct.

Ces raisonnements spéciaux n’effleuraient pas Edvard. Son cœur, son cœur dépravé par une perversion secrète, souffrait atrocement de renoncer aux extases entrevues. Mais déjà son esprit avait pris parti, sans discussion possible.

Dès les premières paroles de sa mère, réveillé subitement du rêve luxurieux où il se complaisait depuis cinq mois, une conviction logi-