Aller au contenu

Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que s’imposait à lui : « Non, Fanny ne peut pas entrer dans notre famille… Fanny n’a pas le droit de devenir la sœur de ma petite Frédérique. »

Par un sentiment singulier chez lui — où l’amant s’était épris à l’instigation d’une convoitise malsaine, où le mari acceptant le passé de sa femme aurait introduit dans la maison familiale, sans hésitation, l’Aventurière, la seconde Madame Tanqueray, l’indigne — la pudeur masculine ressuscitait sous forme de pudeur fraternelle : il ne pouvait supporter l’idée que l’enfant innocente et chaste élevée par lui dût subir, par sa faute à lui, un contact impur. La pensée de Frédérique apparentée à Fanny, embrassée par ces lèvres voluptueuses habituées aux caresses princières, le choquait jusqu’à l’écœurement. Ah ! Pourquoi Mademoiselle Thulette ne pouvait-elle devenir sa femme sans devenir la bru de la comtesse Kolding, ni la belle-sœur de Frédérique ?

« L’épouse doit entrer vierge au lit de l’époux… »

Maintenant, cette vérité lui apparaissait éclatante, victorieuse du mauvais désir, poursuivant d’une lueur implacable, tout le mensonge,