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Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/315

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innocence les belles dames parfumées dont les robes merveilleuses se promenaient dans le hall de l’Hôtel Thulette ; puis fillette aux coquettes précocités, qui, avec une mutinerie drôlette imitait leur démarche d’ibis emplumés, leurs coiffures extraordinaires et barbouillait son museau frais de veloutine et de crème de beauté. Personne n’avait surveillé la gamine inconséquente, amusée d’aguicher à son tour le désir masculin toujours en éveil. Et le jour où M. Thulette s’était rappelé, par hasard, qu’il possédait une fille à marier, il était trop tard…

Exaspérée par le frôlement de cette foule injustement heureuse, les oreilles lacérées par le sifflement de ces idiomes exotiques, Fanny fit signe à un taxi, monta rapidement et dit :

— À l’Hôtel Thulette !

Avec une placidité bien brabançonne, le chauffeur se mit à tourner, infructueusement, la manivelle de cet orgue de barbarie sur roues ; aucune Valse Bleue n’en sortit, bien entendu, ni même aucun barbarisme annonçant que le moteur prenait une bonne résolution.

Le Belge tournait, tournait toujours. À la fin,