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Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/316

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sa patience l’abandonna. Suant, encoléré, il grommela :

— Wel, nom de godpermille, qu’est-ce que cette sale machine a dans son ventre, donc ?

Compatissant, un collègue lui jeta :

— Chatouille le pointeau de ton carburateur !

Il fit ce que lui enjoignait l’alexandrin du bon conseiller. Et l’on partit enfin.

La pauvre Fanny ne s’était aperçue de rien, noyée dans ses réflexions :

— Mieux élevée, ou du moins élevée comme les autres, je serais mariée depuis longtemps… Je n’aurais pas connu ce dilemme grotesque, ces humiliantes angoisses et ce revers final… Décidément, ce sont toujours les Thérèse de Tresmes qu’on épouse !

Et une plainte étouffée s’échappait de ses lèvres : « Edvard ! Edvard !… Est-il possible que je l’aie perdu ? »

Oui, Edvard, et sa fortune, et son titre, et aussi — et surtout — ces chauds espoirs de volupté… Car elle ne ressemblait en rien à Julie d’Etange qui pouvait écrire : « Si mon cœur a besoin d’amour, mes sens n’ont pas besoin d’amant ». (Chez Mademoiselle Thulette, moins cérébrale que la correspondante