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Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/97

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— Eh bien, moi, je l’aurai… Je fais le serment que je l’aurai… Dussé-je y perdre mon nom !

— Il y a plusieurs façons de perdre son nom : je ne suppose pas que vous veuillez lui donner le vôtre ?

— Qui sait ? On épouse bien une femme de théâtre ! riposta Edvard très surexcité.

À présent que les Américaines s’en désintéressaient, la conversation se poursuivait, si pénible pour la pauvre Fanny que la cueilleuse de fleurs aurait voulu se boucher les oreilles. Aussi bien, elle en savait assez ! La tête perdue, elle regardait, sans les voir, deux abeilles en train de piller rageusement une fleur dont le pollen s’envolait en mince nuage d’or.

Comme les dévots, fidèles au conseil de Pascal, égrènent des chapelets dans l’espoir de s’abêtir, mademoiselle Thulette, pour ne plus entendre le dialogue qui la navrait, récitait superstitieusement les litanies florales de l’évêque saint Rémy (diocèse de Gourmont).


Fraxinelle, buisson ardent, chair incendiée…
Aconit, fleur casquée de poison, guerrière à plumes

de corbeau.