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Page:Marais - La Virginite de Mademoiselle Thulette.djvu/98

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Campanules, amoureuses clochettes que le printemps

tintinnabule.

Pivoine, amoureuse donzelle, mais sans grâce et sans

sel…

Ancolies, petit pensionnat d’impubères jolies, jupes

courtes, jambes frêles et des bras vifs…

Nielle, un peu gauche, mais duvetée comme un col

de cygne ;

Jonquilles, dont on fit les cils purs de tant de blondes filles.
Narcisse oriental, fleur inféconde et pas morale…


La pluie des versets parfumés ne réussissait pas à noyer son chagrin : il surnageait.

« Hélas ! songeait-elle avec une amère clairvoyance. Edvard ne m’aime pas véritablement ! Il me désire, comme on désire un meuble rare, un bibelot à la mode… Qu’allais-je faire en lui révélant ma tendresse naïve, mon cœur sentimental de vieille jeune fille… de jeune vieille fille ! »

Mais, tout de suite, réagissant contre sa déconvenue, elle formula des résolutions héroïques : « Il faut que je purifie ce caprice au feu de la passion ! Il faut que je l’exalte ! Il faut… »

L’heure du retour approchait… Gaîment, on