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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/104

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fiancée que vous me reprochiez de tromper… » Bah ! Les hommes sont comme ces chiens errants qui s’attachent à vos pas, dans la rue, sans qu’on sache pourquoi ; plus on veut s’en débarrasser d’un coup de pied, plus on les repousse, et plus ils s’acharnent…

Sylvie m’arrête d’un geste de sa main effilée, et déclare d’une voix attristée :

— Oh ! je vous entends bien, allez, madame… et ça me fait assez de peine ! Je n’ai pas besoin de vos explications pour comprendre que Julien vous préfère, même insensible, à celle qui l’aime si profondément… Il me suffit de vous regarder : vous êtes tellement plus jolie que moi !

Oui, c’est vrai : je suis plus jolie qu’elle… Pas de fausse honte, Nicole ! En ce moment même, la glace du salon me reflète, blonde et rose, éblouissante de fraîcheur ; mes yeux bleus, luisant comme une flamme de punch ; ma bouche sensuelle, si rouge qu’on croirait perpétuellement qu’elle vient d’être mordue ; et ma silhouette, à la fois désuète et moderne, de marquise de pastel qui se ferait habiller rue de la Paix.

Et réellement, je dois reconnaître que nulle ne peut lutter avec ma splendeur blonde :