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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/103

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avoir une foule d’amants… Chère mignonne Sylvie, adorable vierge, comme vos grands yeux s’ouvriraient de stupéfaction, si je vous avouais que l’abominable pécheresse chez laquelle vous vous fourvoyez à cet instant, n’est guère plus impure qu’une honnête femme, et qu’à l’exemple des vertueuses épouses bibliques, elle n’a connu que l’étreinte d’un seul maître !… Je réponds avec un regret sincère, à l’interrogation émue du regard de pervenche :

— Mais, ma pauvre enfant, si c’était en mon pouvoir, je vous le renverrais bien volontiers, monsieur Dangel…

Une instinctive délicatesse m’a fait dire « monsieur Dangel » par égard pour cette jeune sensitive ! Je poursuis :

— Malheureusement, je n’y puis rien. Je ne l’aime pas, moi, votre fiancé, et ce ne sont point mes encouragements qui l’ont détaché de vous… Dès sa première déclaration, je l’ai envoyé promener. Quand il m’a parlé de vous — oh ! ne vous affectez pas : les hommes n’ont aucun tact, en ces circonstances — je l’ai vivement engagé à vous rapporter les fragments de son cœur ébréché… Je pourrais vous montrer sa lettre d’avant-hier où il écrit, à votre propos : « Cette