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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/111

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ce domestique qui me dérange pour m’apporter quelque pneumatique de Landry ou de Nadine Ziska !

Et lorsque Jacques est sorti, je reprends doucement :

— Il ne faut passe se presser d’aimer, Sylvie ; c’est si dur de s’apercevoir qu’on est mal tombé. Je veux vous empêcher d’éprouver un jour le regret morne de la petite existence terne que vous menez entre votre père et ses vieux amis… parce que c’est terrible quand on en arrive à regretter d’avoir vécu, au lieu de végéter ! J’étais allée jusqu’à souhaiter ça, moi : la vie inerte des mollusques. Exprimés avant la vingtième année, ces vœux-là traduisent un fameux désespoir ! Heureusement, j’ai su réagir. Faites comme j’ai fait, Sylvie : balayez votre amour, c’est de la poussière inutile ; et méprisez ce Julien Dangel qui est indigne de vous. Voulez-vous son croquis, en quatre coups de crayon ? J’ai reconstitué le plan du jeune homme à mon idée, d’après mes observations et vos confidences : auteur dramatique ambitieux, réduit à écrire des petites revues, — le papa conseille : « On ne gagne rien dans ce métier-là : épouse la jeune Sylvie, sa dot te