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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/110

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La délicieuse frimousse intriguée et candide qu’elle hausse jusqu’à mon visage ! Cette petite m’émeut étrangement… Non, il ne faut pas que cette charmante gamine soit meurtrie, déveloutée, flétrie, par la mauvaise souffrance d’une épreuve amoureuse. J’ai appris — hélas ! à mes dépens — que certaines douleurs vous dépravent plus sûrement que certains plaisirs. D’un geste amical, j’attire la gentille brunette à mes côtés, sur un canapé, et je commence :

— Mademoiselle Sylvie, ne vous étonnez pas trop que, dans ce décor léger, je prenne une attitude aussi grave, et qu’une personne de réputation peu vertueuse vous tienne des propos presque édifiants… Écoutez-moi… Tenez : comme une grande sœur. L’amour divise ou associe les femmes : quand il les unit, c’est par une espèce de fraternité maçonnique qui rapproche même les plus étrangères… Laissez-moi vous défendre, en acceptant mes conseils…

Toc ! toc ! Je me retourne énervée : Jacques entre au salon, me tend son plateau : « Une dépêche, madame. » Je m’en moque. Je dis « C’est bien. Posez ça sur la table, » N’attendant aucune nouvelle urgente, je trouve stupide