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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/118

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mins inconnus des snobs, bien loin des Acacias ou du Pré Catelan ; des sentiers anonymes, si étroits que la voiture frôle de chaque côté les herbes folles en bordure. Mai verdoie à la pointe des jeunes pousses, au tapis du gazon, allume, çà et là, quelques lueurs d’émeraude parmi les arbres ensoleillés. De temps en temps, les rangées effilées des longs bouleaux fragiles s’espacent, s’essaiment autour d’une clairière où fuit, en bonds prestes, l’ombre fauve d’un chevreuil. J’aime ces paysages neutres de ciel pâle et de verdures grises : il semble que l’auto nous promène dans une fresque de Puvis de Chavannes.

Paul dit, tout à coup :

— Je suis heureux que tu prennes l’air… Tu avais mauvaise mine, ce matin.

— Je me porte admirablement. Tu rêves…

Mais il persiste à scruter ma figure d’un regard inquiet. Son front s’assombrit. Il murmure :

— On croit la maladie embusquée derrière chaque visage lorsqu’on vient à peine d’avoir vu mourir… Si tu tombais malade en ce moment, je m’imaginerais que tu es condamnée. Je vais te faire un aveu cynique : je ne pensais