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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/120

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branche à l’autre, leur gazouillis, leurs pépiements aigus ; où l’odeur pénétrante de l’herbe se mêle à la tiédeur de l’air, où les arbustes refleuris semblent mirer leur reflet glauque dans l’eau stagnante des mares, — comme si la vie nouvelle du printemps forestier protestait, par son contraste de gaieté, contre la tristesse des choses trépassées.

Moi aussi, je sens, au fond de mon être, tout le printemps de mes vingt-trois ans gronder un défi à la mort, au néant des évocations lugubres. Alanguie, je me rapproche de mon amant :

— Comme tu m’aimes, Paul… Je te remercie de m’avoir conté cette nuit… au château de Luftkurort…

Paul comprend l’appel de mes yeux ; il m’attire à lui, et nos bouches se joignent dans un baiser passionné, d’une ardeur inhabituelle de ma part ; je savoure la douceur fondante du fruit de chair écrasé entre mes lèvres, le choc léger de nos dents heurtées, le frisson fiévreux qui me secoue toute… L’une des mains de Paul caresse ma nuque d’un chatouillement énervé, l’autre s’incruste à mon bras, les cinq doigts en étau, marquant ma peau. Je frémis…

Soudain, par une de ces transpositions si