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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/122

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bijoux, la valeur de ma limousine, et chuchotent le nom du grand couturier d’après la coupe de mon costume. Malgré cinq ans de Paris et une existence de parade, j’affronte malaisément l’admiration impertinente de certains regards : l’attention d’une assemblée me crispe d’énervement. À cette minute encore, je descends gauchement de voiture, gênée, agacée, et je file au hasard, m’asseoir à n’importe quelle table.

— Décidément, ma Nicole eût fait une mauvaise comédienne ! murmure Paul, qui a suivi la scène (renouvelée de tant d’autres) d’un œil exercé, et sait combien je déteste me donner en spectacle.

Je lui souris, amusée. Nous sommes installés devant le kiosque des tziganes. Leurs valses langoureuses accompagnent discrètement le charabia cosmopolite des consommateurs, le bruit de gourmettes des chevaux qui débouchent de l’avenue du Bois.

— Paul, tu ne trouves pas que la musique des tziganes a toujours un goût particulier de poudre de riz et de boisson américaine ? À force de l’écouter dans les grands restaurants, on finit par reconnaître l’odeur de ses airs ; tiens, cette