Aller au contenu

Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mes cheveux, aidée par la fille de service qui me tend les épingles, tandis qu’un bruit argentin de cascade, et les allées et venues des visiteuses, coupent le silence. Soudain, une petite voix douce chuchote :

— Bonjour, madame Nicole ?

Je me retourne : Sylvie est près de moi. Elle coupe mon exclamation surprise d’un geste désignant la porte voisine, par laquelle Fraülein vient de s’engouffrer. Elle m’explique tout bas :

— Je ne m’attendais pas à vous voir ici… Fraülein s’absente toujours quand on est au café, et je l’accompagne…

À travers ses réticences, je démêle que l’Allemande, à l’exemple de la bonne dame Jacinte de notre immortel Gil Blas emploie, pour conserver sa fraîcheur, des moyens détersifs, et qu’elle abuse des dépuratifs. Voilà la cause prosaïque de ma brève entrevue avec la poétique Sylvie. Profitons-en. J’avoue, très sincère :

— J’ai beaucoup songé à vous depuis l’autre jour, mademoiselle Sylvie.

— Et moi, donc. Ça me fait plaisir de vous rencontrer. Paris est si grand, il vous réserve