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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/129

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pagnie… Vous m’avez accueillie si sympathiquement.

L’innocence est la plus compliquée des énigmes. J’enveloppe Sylvie d’un regard pénétrant : quel est le fond de sa pensée, à cette jeune fille qui met tant de naïve franchise à préciser mon rendez-vous tacite, comme s’il s’agissait d’une proposition toute naturelle… et qui, pourtant, me considère telle l’une de ces personnes dont son père « lui défend de parler »… ? Elle est trop candide pour agir par curiosité un peu perverse, pas assez ingénue pour n’avoir point l’intuition d’une action trouble — et troublante… Obéit-elle à une attirance inconsciente ?

Ô toi qui lis cette confession écrite au caprice de l’heure, Dieu te garde d’être né avec l’âme inquiète et chercheuse qui m’incite à percer le mystère des fronts, ainsi qu’une enfant brise le crâne de ses poupées !

Un bruit de porte : Fraülein laisse apparaître sa personne confortable, sa figure moins rébarbative exprimant la satisfaction du devoir accompli. Elle interpelle Sylvie d’une voix grasse qui semble mastiquer les lourdes et sonores syllabes allemandes. Et Sylvie s’éloigne