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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/130

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vivement de moi, suit sa gouvernante, sans me dire au revoir, sans m’avoir serré la main… Ce sont nos yeux qui s’étreignent d’un de ces adieux muets dont la douceur profonde est aussi palpable qu’une caresse.

Je vais rejoindre Paul. À mon tour, je quitte la salle de toilette, et retourne dans le jardin animé que peuple le public de six heures. Trois silhouettes se profilent à la table de Paul. De près, je reconnais Landry Colin, sa maîtresse Nadine Ziska, et Fréminet, le directeur du New-music-hall. Nadine porte une extraordinaire robe de soie bleu paon, garnie de dentelle rare — cinquante louis de point d’Angleterre au corsage ; — et sa jupe, fendue jusqu’au genou, laisse entrevoir la forme d’une jambe parfaite. Un peu gênée, je regarde du côté de Sylvie : Fraülein inspecte la jolie Nadine d’un air dégoûté ; et le père, réprobateur, appelle le garçon, afin de pouvoir quitter ces lieux mal famés.

Ma présence est saluée par les exclamations de Paul :

— Pour une femme qui se coiffe, l’heure n’a que trente secondes ! Voilà un temps infini que nous nous morfondons ! Qu’est-ce que tu