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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/138

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des invectives dans leur charabia yankee, je murmure, songeuse :

— Vous êtes donc bien séduisant, que vous excitez tant de passion ?

Julien sursaute, ébahi. Ses yeux tendres deviennent suppliants ; il reproche doucement :

— Quel plaisir trouvez-vous à toujours me persifler, Nicole ?

— Je ne me moque pas, je vous l’affirme.

J’ai le cœur mordu d’un tourment vague… Je souffre ; ça me déplaît qu’il plaise aux autres… Pourquoi ?

— Nicole ! implorent ses lèvres frémissantes.

Sa tête se rapproche… Je dis, cédant à un désir subit :

— Si, vraiment, vous souhaitez m’être agréable, je vais vous demander quelque chose…

— Tout ce que vous voudrez !… Je fais le vœu que ce me soit fort pénible à accomplir, pour mieux mériter ma joie.

— Eh bien ! jurez-moi de ne jamais retourner chez votre fiancée, fussiez-vous sollicité par elle-même !