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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/139

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Une séance de cinéma a succédé au numéro des comiques acrobates : profitant des ténèbres qui règnent dans la salle, Julien me saisit brusquement par la taille et m’étreint contre lui, balbutiant :

— Oh ! Nicole, Nicole… Vous commencez à m’aimer un peu, puisque vous prenez ombrage de Sylvie !

Il s’est mépris — et c’est très naturel — en découvrant ce sentiment d’obscure jalousie que je n’ose définir. Je pouffe malgré moi : les quiproquos nous font toujours rire. Dangel ne s’aperçoit guère de mon hilarité, occupé à pétrir mes bras, mes épaules, sans respect de la mousseline fragile qui voile ma nudité : mon corsage sera dans un bel état, tout à l’heure… Et, pour la première fois, je n’oppose aucune résistance à ses tentatives. La mauvaise Nicole pense : « Si je le repousse, il ira se dédommager auprès d’elle. » Et la Nicole scrupuleuse paye sa conscience d’une excuse incertaine : « Après tout, en la détachant d’un arriviste indigne d’elle, j’empêche cette petite Sylvie d’être malheureuse. »

Julien, stupéfait de son succès inattendu, soupire d’allégresse :