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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/149

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vois l’invisible plaquer son masque sur cette matière.

Paul ordonne sèchement :

— Laissez-nous. Madame s’habillera seule.

Et Lucy s’esquive, si vite qu’elle emporte un de mes bas par inadvertance.

Paul s’approche de moi, m’attire contre lui dans une étreinte chaste et prolongée, grave comme un adieu. Il dit :

— Tu as lu ?… Tu sais la nouvelle, ma pauvre chérie ?

— Oui.

— Je suis perdu.

— Toi !

Je le regarde avec des yeux agrandis. Les menaces mystérieuses de cette affaire enchevêtrée m’apparaissent, ainsi qu’un cauchemar, en prenant des formes fantastiques de bêtes apocalyptiques : ongles crochus, griffes acérées, gueules béantes… J’ai peur.

Je questionne, cherchant à m’expliquer tout ce qui ne m’est point accessible :

— Quel danger cours-tu ?… C’est Colin qui est arrêté. Es-tu responsable de ses actes ?

— Oui, moralement… et aux yeux du monde. Je passe pour son associé : je ne suis que son