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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/148

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daire question de l’impératrice : « Vous regardez mon pied ? » Ce matin encore, malgré mes appréhensions, je les examine avec complaisance.

Lucy m’enfile des bas de soie mauve. Soudain, j’entends la voix de Paul, venant du vestibule.

Il demande :

— Madame est dans sa chambre ?

Et paraît, au seuil de la porte. Paul est en costume de cheval ; ses bottes sont bien tirées, son vêtement ne fait pas un pli ; il porte des gants de suède d’un joli noir mat. C’est mon Paul de tous les jours… Et pourtant, sa physionomie est changée à tel point que je le reconnais à peine, et que j’esquisse un geste pour couvrir mes épaules nues, tant j’ai l’impression d’être devant un étranger… Lui, si rieur, le visage si coloré, d’ordinaire, est-ce lui, cet homme sinistre, à la figure blême, aux yeux d’angoisse, qui me fixent avec une expression d’anxiété intense ?

Oh ! La sensation bizarre : je perçois, sur les traits de Paul, l’âme nouvelle, différente, qui transforme leur aspect familier sans modifier cependant une parcelle d’épiderme… Je