Aller au contenu

Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Les conséquences de la plainte Renaudel entraînent les faillites de nos entreprises… Eh bien ! non ! Je ne veux pas ! Moi, qui n’ai jamais accepté de proposition douteuse, qui ai vécu jusqu’ici, honoré, estimé, je n’entends point me laisser prendre pour l’associé d’une canaille : plutôt que d’entacher ma réputation, je préfère aller à la ruine totale… Il faut tirer Landry Colin du péril, coûte que coûte !

Paul se tait, absorbé, le front barré d’une ride profonde.

Il me suit machinalement dans le cabinet de toilette.

Pour la première fois, Paul me laisse procéder à mes soins de coquetterie sans m’interrompre, sans me regarder. Je puis, impunément, évoluer à demi-nue au milieu de mon élégant laboratoire hydrothérapique ; arroser ma chevelure dénouée de parfums enveloppants ; brosser mes ongles d’un émail brillant ; masser ma poitrine d’une main délicate, ennuager mes joues et mon cou d’une poudre invisible : nulle caresse ne vient me troubler.

Et cette abstention inconcevable, extraordinaire, de Paul, est le signe le plus grave de son accablement.