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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/176

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Ah ! Enfin… La porte de gauche s’est ouverte. Je me retourne, et j’aperçois…

Un pyjama bleu et jaune, brodé de fleurs d’or et d’oiseaux noirs ; des pantoufles de satin violet ; et la tête de Léon Brochard, toute blanche, tout ébouriffée, émergeant de cette mascarade sino-japonaise…

Ramenant pudiquement son vêtement sur son sein, d’un geste de sénateur romain, Brochard murmure :

— Mande pardon, chère madame… Cette tenue… sors de mon lit.

De son lit, à onze heures et demie ? Moi qui le croyais si matinal ! Je baisse les yeux pour ne plus voir le merveilleux pyjama à ramages. Pourrai-je réprimer mon fou rire intempestif ? Hélas ! Oui : je n’ai qu’à penser à Paul.

Et c’est très gravement, presque humblement, que je prends la parole, après m’être assise en face de Léon :

— Excusez-moi, monsieur, de vous déranger ainsi : à l’improviste…

— Du tout, chère amie : une jolie femme ne me dérange jamais.

Il a répondu cela sur un ton banal, avec la galanterie courtoise et réfrigérante des hommes