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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/177

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indifférents. Je le fixe, d’un coup d’œil perçant : il m’épie, les prunelles guetteuses, le sourire railleur, méchant, quasi hostile… Ô vieux félin aux griffes tendues : tu me sens à ta merci, et ta rancune se délecte à l’avance, dans l’espoir de me faire expier ta déconvenue du mois dernier ! Attends un peu, tu vas te prendre à ton propre piège.

Je croise mes jambes l’une sur l’autre, et ma jupe collante accentue ce mouvement. Je détache un bouton de ma jaquette, pour dégager ma poitrine, mes seins pointant sous le devant de batiste transparente. Et j’implore, avec cette voix douce, traînante, voluptueuse, dont les femmes mendient les cadeaux ou les caresses :

— Dites, monsieur Brochard, vous ne vous doutez pas du motif de ma visite ? Vous ne voulez pas m’aider à l’expliquer ?

— Ma foi, chère madame, j’ignore absolument… Je ne devine point ce qui vous amène. La dernière et unique fois que vous vîntes sous mon toit, je ne pus guère soupçonner que vous seriez assez bonne pour vous y présenter de nouveau… Et le plaisir de cette surprise m’empêche de l’interpréter.