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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/204

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intéressée à l’Affaire Colin, y représentant la vie privée de Paul Bernard !

Si je profitais du cours pris par l’entretien, pour essayer de savoir quels sont les sentiments du juge d’instruction à l’égard de Landry : malgré le secret professionnel, un homme se trahit quelquefois, sans s’en apercevoir, dans l’intimité. Et, selon l’argot des policiers, faut-il « cuisiner » la petite Sylvie ?…

L’idée m’a effleurée juste le temps de me faire rougir : employer de pareils moyens ! Une telle action serait basse, vile, lâche, même : Sylvie parlerait si facilement. Je n’aurais pas l’excuse d’une difficulté.

Afin d’oublier vite la mauvaise pensée, j’aborde un autre terrain :

— Eh bien, et le gros chagrin qui me valut le plaisir de vous connaître ? Se calme-t-il un peu ?

— Au fait, j’allais oublier de vous remercier… Hein !… Voilà la nature humaine : est-on malheureux, aussitôt on se précipite pour le raconter et crier à l’aide… Mais, si c’est une joie qui vous arrive, on ne se hâte guère d’en informer les autres !

Je regarde la jeune fille avec inquiétude : ce préambule excite ma méfiance. J’ai peur des