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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/211

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Elle me saute au cou, spontanément, d’un élan gracieux de fillette aimante. Son jeune visage m’apporte une bouffée de fraîcheur ; la douceur de ses lèvres moelleuses caresse mes joues d’un baiser qui sent cette odeur de framboise, privilège des haleines adolescentes. Je serre contre moi son petit corps élastique ; nous cheminons lentement, les doigts enlacés, comme deux pensionnaires en récréation. Sylvie bavarde, ses propos m’imprègnent d’une naïve tendresse. Et je songe à ce « cruel désir de marcher sur la neige » que chanta le vieux Coppée — devant la tentation de cette innocence…

— Hoch !

Une exclamation gutturale, une exclamation qui n’est pas poussée en français, je le sens, éclate derrière nous. Je me retourne. Sur la lisière du bois, Fraülein, l’épaisse Allemande, roule de gros yeux effarés, dont la faïence bleue semble prête à craquer, et agite son parapluie en interpellant son élève. Son tyrolien planté de travers, sa jupe piquée de broussailles, ses chaussures boueuses, racontent sa course, des Poteaux à ce sentier, sa recherche des traces de Sylvie disparue, contre