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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/232

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regard, l’œil brillant, le front un peu penché — tels deux béliers avant de combattre comparent leurs forces ennemies. Mes mains frémissent nerveusement. Landry Colin est blême.

Soudain, nous entendons le grincement de la grille du jardin ; un bruit de pas sur le gravier. Je n’ai pas besoin de soulever le rideau de la fenêtre pour savoir que c’est Paul : il est l’heure de sa visite journalière.

Nous taisant, Landry et moi, nous l’écoutons monter. Le banquier a repris son masque impénétrable ; ses paupières abaissées dissimulent les prunelles aiguës, sa barbe abrite les lèvres mobiles où tremble une émotion mauvaise. Moi, je me sens faible — oh ! cette migraine, — et lasse, désespérément lasse… Dormir, ne plus penser : comme ce serait bon !

Paul Bernard entre, le visage souriant. Il annonce presque gaiement :

— Je me suis douté que j’allais trouver Landry chez toi : il y a un mouchard en permanence à la porte !

Il ne remarque ni la froideur sournoise de Colin ni ma figure défaite ; mais continue, expansif :