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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/233

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— Ah ! je suis content… Je suis content, Landry, que vous nous soyez rendu. Nous allons pouvoir nous défendre, maintenant que vous avez recouvré vos moyens d’action…

Il serre affectueusement la main du banquier avec sa bonne grâce d’associé loyal, plus communicatif aux heures de détresse qu’aux moments où la chance sourit. Puis, se retournant vers moi, Paul ajoute :

— Si tu l’avais vu ce matin, au milieu de nos bonshommes ! Quel gaillard !… Landry était entouré, pressé, harcelé, par une poignée d’énergumènes irascibles ; hurlants, furibonds : « Nos fonds !… Vous nous avez ruinés ! Nous n’écouterons pas un mot d’explication… Vous avez dilapidé nos capitaux… » Landry, impassible, gardait le silence. Naturellement, les autres étaient exaspérés : quand on défend aux gens de s’expliquer, c’est qu’on attend qu’ils se justifient. À la fin, le plus impatient s’écria : « Mais, répondez donc, sacrebleu ! » Et Landry de riposter avec son sourire railleur : « À quoi bon ? Vous m’avez prévenu que vous n’écouteriez rien. » À ces minutes-là, notre ami prend une petite voix douce qui force l’attention des pires exaltés. On le laissa parler. Alors, ma