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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/247

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Soudain, la fillette lève la tête, me regarde et me saute au cou :

— Nicole !

Les bords du grand paillasson m’entrent dans les yeux, m’aveuglent. Je sens la forme d’un petit torse, nu sous la laine mouillée, se mouler contre moi… Je ne la vois pas, mais j’ai reconnu Sylvie au goût de ses lèvres fraîches.

Mon Dieu ! Qu’elle paraît jeune, ainsi… Quatorze ans. Je l’examine, l’écartant de mes mains qui tiennent les siennes. Est-elle jolie !… Avec ses cheveux dénoués, tombant en nappe brune sur les épaules ; ses grands yeux d’enfant plus bleus sous le front un peu hâlé ; son corps délicat ; ses seins menus où se plaque indiscrètement l’étoffe détrempée du costume de bain, et ses jambes pures, ses jeunes cuisses renflées… J’admire la délicieuse poupée vivante.

— Oh ! j’ai sali votre robe ! murmure Sylvie d’un air de regret.

Une tache d’eau s’arrondit sur la toile écrue de ma jaquette… J’ai un geste d’indifférence. Je veux lui parler… Et je lui pose de ces questions banales, comme on en fait lorsqu’on est