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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/248

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déconcerté par une rencontre imprévue. Mais, la haute stature de Fraülein apparaît devant nous : l’Allemande me considère avec une stupeur angoissée, risible et touchante.

Pour elle, je suis l’inconnue entrevue un jour en compagnie suspecte, près d’une fille tapageuse qui montrait ses jambes ; revue, un beau matin, embrassant tendrement son élève ; et enfin, surgissant aujourd’hui des Roches-Noires, avec la brusquerie du hasard importun. Fraülein doit me croire spécialement créée par quelque puissance maligne, à dessein de troubler sa quiétude ; je me manifeste trop subitement à ses yeux, pour n’être pas d’essence plus démoniaque que terrestre. Et si l’Allemande a lu son admirable compatriote, elle m’assimile sans doute aux imaginations d’Hoffmann… Hélas ! Je la juge plutôt capable de me comparer à l’héroïne mystérieuse du roman policier dont elle tient un exemplaire entre ses gros doigts, et qui l’abreuve de littérature douteuse pour la somme modique de soixante-cinq centimes.

N’importe : la gouvernante est soumise, désormais. Sylvie lui a désigné son rôle avec l’énergie obstinée des natures frêles, la ruse