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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/254

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place, souhaitant le trépas subit de tous ces gens. Fréminet s’écrie :

— Il y a longtemps que vous êtes à Trouville ? Nous, nous venons de Saint-Arnould.

Ils auraient bien dû y rester. Je réponds sans entrain aux questions multiples. Sylvie s’est interrompue, intriguée. Perchée sur l’escarpolette, un bras étreignant la corde, une jambe recroisée sur l’autre, agitée encore d’un imperceptible balancement, ma jeune amie considère les Parisiens d’un œil curieux, tout en continuant de croquer une pomme verte qu’elle vient d’arracher à l’arbre le plus proche. Maud la dévisage effrontément, puis m’interroge :

— C’est ta sœur ?

— Non.

Sylvie descend de sa planchette. On l’entoure, on l’examine. Fréminet murmure à mi-voix :

« Débutante… » Je me crispe d’énervement. 

Je regarde Sylvie d’un air désolé : elle, silencieuse, observe ces filles parées sans discernement, qui portent des bijoux voyants, des bracelets par-dessus leurs gants, pour une promenade à la campagne. Elle écoute leurs propos légers ; elle paraît songeuse et intéressée… Ô ces caboches de femmes encore enfants ! Que