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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/255

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pense-t-elle en faisant cette physionomie singulière ?…

Lorsqu’ils repartent enfin, s’empilant sur les coussins d’une voiture attelée de mules espagnoles, Sylvie, restée seule avec moi, me regarde longuement, reporte ses yeux vers les femmes qui s’éloignent, puis, questionne ingénument :

— Celles-là, ce sont de vraies grues, n’est-ce pas ?

Un jour, le père de Sylvie arrive à Trouville, s’installe jusqu’à la fin de la saison. Finies, nos belles promenades ensoleillées : la surveillance paternelle est moins fictive que celle de Fraülein. La prudence nous commande de recourir aux expédients. Et Sylvie imagine cette folie délicieuse : des rencontres nocturnes !

Sa chambre est isolée des autres, au rez-de-chaussée de la villa ; au surplus, son père se couche tôt pendant les vacances, s’endort vite et la croit bien trop sage pour sortir la nuit. À dix heures, Sylvie s’échappe par la fenêtre ; son ombre furtive glisse dans le jardin ; elle ouvre