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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/257

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phare du Havre éclaire l’eau d’un jet bleuâtre. Une sirène gémit ; une musique confuse résonne au lointain. Assises par terre, nous tendons le visage vers la brise humide ; nos doigts se rencontrent dans le sable froid et fluide…

Sylvie commence tout bas :

— Savez-vous à quoi je pensais, l’autre jour, devant ces personnes que vous avez retrouvées, à la ferme ?

— Oh ! chère petite amie, je suis honteuse de vous avoir exposée à…

— Chut ! Nicole… Vous ne vous doutez guère de ce que je vais dire… Eh bien !… C’est assez difficile, mais vous me comprendrez… En face de ces belles créatures, riches, luxueuses, admirées, adulées par leurs compagnons qu’elles traitent pourtant ainsi que des chiens, je réfléchissais à des lectures que j’ai faites, sans bien les saisir, à des conversations que j’ai surprises, sans que l’on s’en doutât…

— Quelles lectures, chérie ?

— Des contes antiques de Louys ; et puis, la Cousine Bette, et Sapho de Daudet… Je songeais à ces choses qui m’échappent lorsque les auteurs parlent de « la science amoureuse des