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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/258

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courtisanes » ou qu’ils dépeignent les séductions étranges, irrésistibles d’une femme, comme dans la Glu, de Richepin… J’ai entendu aussi des amis de mon père — un soir qu’ils me croyaient déjà couchée — s’entretenir d’un haut magistrat qui avait perdu sa position, abandonné sa famille, afin de suivre sa maîtresse… L’un d’eux s’exclamait : « Gâcher sa vie pour une gourgandine sans charmes, une fille sotte et laide ! » Alors, un autre lui répliqua : « Oui, mon cher, mais elle est si… » Et il employa une drôle d’expression que je n’ai pas retenue… Enfin, j’ai essayé, quand même, d’en chercher le sens…

— Où voulez-vous en venir, Sylvie ?

La conversation glisse vers une pente inquiétante. Sylvie jette sa main sur mon épaule et reprend, un peu fébrile, sans répondre à ma question :

— Dites, Nicole, comment se fait-il que des femmes laides, bêtes, vieilles quelquefois, retiennent, ensorcellent un homme à ce point ? Pourquoi, aussi, certains hommes dédaignent-ils les trop jeunes filles ? Oh ! Nicole, comme c’est embarrassant de s’expliquer toute seule les choses qu’on soupçonne à moitié… Nicole…