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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/262

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je le contemple avec des yeux nouveaux — pas encore blasés de l’image familière — et la beauté morale de cette figure franche, généreuse, de ces regards pleins d’amour, m’apparaît, soudaine comme une révélation. Excellent garçon : je ne connais point d’être qui vaille sa simple et droite nature… Ah ! Nicole… Pourquoi chercher si loin ce qui t’attendait au logis ? L’éternelle sagesse de La Fontaine chante dans ma mémoire en ressouvenance de fables…

Et brusquement j’éclate en sanglots.

— Qu’est-ce que tu as, Nicole ?

Je hoquette :

— J’ai que je ne mérite pas que tu m’aimes.

— Es-tu folle ?

Inquiet, Paul se lève, jette sa serviette sur un compotier et vient s’agenouiller devant moi. Il écarte mes doigts, baise mes joues mouillées, entoure ma taille de son bras musclé. Il interroge d’une voix anxieuse :

— Es-tu souffrante, ma chérie ? Pourquoi pleures-tu ?

Il m’embrasse doucement ; ses lèvres sentent le champagne et le maryland. Je niche ma tête sous son menton :

— Je suis coupable envers toi, Paul ; et j’ai