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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/297

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l’ombre, d’une main forte ou d’un coup d’épaule ; les douces libertés sans gêne d’une liaison en pantoufles ; bref, la sensuelle intrigue de tout repos…

— Un placement de fille de famille… Monsieur Yves, ne vous froissez pas : il me semble entendre le boniment d’un commis voyageur agent d’assurances ; pour les références, faut-il que je m’adresse à Nadine ?

— Nicole !… Croyez-vous, par hasard, que je n’aie eu que des grues ?

— Chut ! Elle peut écouter…

M. Yves, formalisé, remet son monocle d’un geste hautain ; assure, d’un doigt discret, sa brochette de décorations. Puis, sans se rebuter, tâte une autre corde :

— Plus nous causons, Nicole, plus j’apprécie votre spirituelle rosserie… Vous possédez l’art des mots à l’emporte-pièce, des paroles piquantes, prime-sautières, irritantes, excitantes, assaisonnées au poivre de Cayenne. Il y a en vous du chansonnier montmartrois et du chroniqueur Parisien…

— Feu mon père n’a dû que me transmettre un peu de son esprit de vaudevilliste.

— Quel délicieux écrivain vous eussiez été !…