conserver mon sang-froid entre ces deux fous ; car, Nadine s’enivre également, espérant dissiper ainsi les nausées que lui procurent ses crustacés au chocolat.
Une suave musique s’élève du rez-de-chaussée, enveloppante, caressante, assourdie. Elle scande, d’un rythme étrange de valse bohème, les danses lascives que la belle Myrtil exécute devant un public de choix. J’aime à me figurer la danseuse blonde renversant son corps à demi nu : je crois voir, devant mes yeux, la ligne délicate qui part de sa cheville cambrée, contourne le mollet musclé, pour s’aller perdre au creux de la croupe arrondie.
— À quoi penses-tu ? questionne Nadine à travers son ivresse.
— À cette Myrtil que nous avons regardée en bas, dans la première salle, quand nous sommes entrés… Elle est délicieusement faite : elle a l’air d’une fine statue de nacre rose… Elle danse avec une grâce…
— Si nous la priions de monter ? suggère M. Yves.
Mais Nadine se dresse d’un jet, aussi prompte qu’une vipère irritée. La jalousie professionnelle, l’émulation de l’artiste devant l’admira-