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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/306

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danseuse brune improvise une fantaisie délirante qui participe, à la fois, de la csardas, du tango et du cake-walk.

Nadine incarne le charme divin du Mouvement : ses membres se tordent, serpentent ; ses muscles s’étirent ; sa nuque ambrée a des ondulations félines ; la vie même s’épand de son être, tressaille au creux de ses reins, tremble aux nerfs de ses chevilles, passe en ondes frissonnantes sur sa chair hérissée. Les fausses côtes se dessinent, bombant la peau tendue, au dessous des petits seins gonflés ; les épaules fléchissent ; le ventre s’offre. Une sueur de fatigue perle au front, au duvet des aisselles, luit au pli des cuisses, coule lentement le long de la croupe ployée.

Une odeur étouffante emplit l’étroite pièce surchauffée. Ça sent le musc, la peau moite, le vin répandu, le sexe et le bouquet fané. Un malaise m’incline sur le divan, défaillante, presque pâmée…

— Qu’est-ce que vous dites de ça, mes enfants ?

Nadine, triomphante, s’arrête avec la dernière mesure de la danse norvégienne. Puis, saisissant une serviette, elle bouchonne éner-