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Page:Marais - Nicole, courtisane.djvu/305

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rie… » Il m’est superflu d’insister : Nadine, cramoisie d’indignation, déboutonne déjà son corsage ; lance sa jupe dans le fond du cabinet à la pointe de son soulier ; arrache son pantalon d’un geste saccadé, en coiffe la tête de M. Yves — bonnet d’âne pour les vieux enfants point sages ; — délace son petit corset ; retire sa chemise : la tête disparaît sous la batiste enrubannée, les jambes se découvrent peu à peu, puis les aines sombres crayonnées d’ombre, le ventre mince, le torse fragile… Et Nadine, délivrée de sa chrysalide, saute sur la table où, parmi les verres, les assiettes, elle gigote et se trémousse — petite poupée d’or jaune — tel un Tanagra en ribote.

La pudeur est inconnue à cette Polonaise de Belleville ; elle se souvient vaguement, aussi, d’un conseil que je lui ai donné : de sa docilité envers moi dépend sa fortune future.

Maintenant, c’est une Danse Norvégienne de Grieg qui monte vers nous avec des sonorités aériennes, des sons filés de petite flûte, de légers frémissements de violons…

Et, sur cette musique vaporeuse, voluptueuse, vibrante : en bas, la danseuse blonde doit exhiber sa plastique incomparable. Ici, la